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PERSONA
Année de création : 2022
Dimension : 195 x 63 x 48 cm
La tête, le support : bronze
Le cadre : laiton
Le socle : bois
Original numéroté 1/8

Critique de l’œuvre « Persona »

par Raphaëlle FREMONT
Guide - conférencière, Historienne de l’art, Autrice
01/07/2024

Il y a des artistes qui se guérissent en créant leurs œuvres, et il
y a ceux qui nous interpellent sur les désordres du monde pour
tenter de le guérir, lui. Et puis il y a ceux, qui, comme Luisa
Rampon, ont l'acte de création si profondément chevillé à
l'âme, que l'un ne va pas sans l'autre.
Elle qui signe la chair de ses œuvres avec la chair de sa chair,
ses trois enfants, relie viscéralement l'intime et l'extime, et trace
non pas un, mais trois traits d'union aussi archaïques que
bienfaisants dans la terre en bas de ses sculptures. 
Archaïques car ses figures semblent reliées à quelque chose
d'intemporel, un temps qui nous rappelle aussi bien l'art
préhistorique que les modernes comme Giacometti ou
Brancusi. Et bienfaisant parce qu'elle panse les blessures du
monde.
C'est ainsi que cette tête bandée pour en éviter l'éparpillement
nous relie, humanité déchirée, humains délaissés, et nous
soigne avec douceur et sensibilité. Tête qui nous somme de
penser autant que de panser, parce qu'aujourd'hui l'un ne va
pas sans l'autre. Suspendue, juste plantée, elle tient dans un
équilibre précaire et étrange, et pourtant le passage de la terre
au bronze la fixe définitivement. Si l'on sait qu'elle tient, y fera t-
on encore attention ? Est-ce que l'humanité qu'elle contient
peut elle aussi figer pour l'éternité dans cet état de souffrance
intense et pourtant enrubannée par les mains de l'artiste qui la
rassemble ?
Peut-être que la réponse se trouve dans la cage ouverte qui la
contient. Parce qu'après tout, il n'y a pas de plus grand
paradoxe que celui de rester dans sa cage alors qu'elle est
grande ouverte sur le monde... et c'est pourtant ce que nous
faisons, frontière après frontière, barrière après barrière, murs
après murs. Ils ne tiennent que parce que nous choisissons d'y

rester, ou d'empêcher d'autres d'en sortir, et le paradoxe nous
enferre.
Alors c'est là que Luisa Rampon panse nos blessures et nous
montre le vide à la place de nos murs, et c'est là que sa
création touche à l'essence de l'humanité : Persona.

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